Tout sur ma mère
de Pedro Almodóvar ( sortie: le 19 mai 1999)
Scénario de Pedro Almodóvar
Manuela (Cecilia Roth) est infirmière dans un service de transplantation cardiaque. Elle vit seule avec son fils Esteban ( Eloy Azorín) à Madrid avec qui elle entretient une relation fusionelle. Le jour de son anniversaire, ils vont au théâtre voir une représentation d' Un tramway nommé désir . A la fin de la pièce , Esteban en voulant demander un autographe à la comédienne vedette Huma Rojo ( Marisa Paredes) se fait renverser par une voiture et meurt à la suite de ses blessures. Manuela décide alors de partir vivre à Barcelone pour retrouver le père d'Esteban ...
Todo sobre mi madre en VO est avec Parle avec elle et Volver un de mes films préférés d'Almodóvar. Le cinéaste espagnol prouve avec ce long métrage qu'il ne fait pas seulement dans l'exubérance et la provocation. En effet , Tout sur ma mère se révèle etre d'une pudeur émouvante. Il traite des liens familiaux plus ou moins difficiles, de la transexualité et de sujets plus graves comme le deuil et le SIDA. Il n'oublie pas pour autant l'humour notamment grâce au personnage décomplexé d'Agrado interprété par l'excellente et pétillante Antonia San Juan. Comme la plupart de son oeuvre, c'est un film qui rend hommage à toutes les femmes, à celles qui ont perdus un enfant, à celles qui doivent affronter la maladie , à celles abandonnées par leur mari mais aussi aux actrices d'Ava Gardner à Romy Schneider en passant par Bette Davis (dont le titre d'un de ses films All about Eve fait écho à Tout sur ma mère ) et offre à ses propres actrices des rôles intenses. Cecilia Roth est remarquable en tant que mère anéantie par la mort accidentelle de son fils. Quant à Penélope Cruz, elle joue Soeur Rosa, une religieuse à la fois forte et fragile qui succombe au " pêché " . Enfin, l'actrice Marisa Paredes, habituée de l'univers d'Almodóvar campe ici une comédienne, folle amoureuse de sa partenaire de jeu plus jeune qu'elle et dépendante à la drogue. Enfin, Agrado, la plus drôle est une prostituée qui veut se reconstruire. Ces quatres femmes toutes différentes, les unes des autres vont se croiser pour finalement, ne plus se quitter. Almodovar les décrit sans jamais les juger. Quant aux hommes, ils n'ont ici peu de place sinon en tant qu'acteur dans la pièce Un tramway nommé désir de Tenessee Williams au coeur de l'intrigue du film car on peut établir plusieurs parallèle entre les deux oeuvres. Le cinéaste espagnol propose donc ici une mise en abyme intéressante , ce qui explique le Prix de la mise en scène qui lui a été remis au 52 ème festival de Cannes.
Tout sur ma mère est un concentré d'émotion. Il est difficile de ne pas être touché par ce que le cinéaste espagnol nous raconte à travers sa caméra. On est loin de l'exubérance de ses premiers films.